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COMMEMORATION du 19 MARS 1962

Mardi 19 mars dernier, au Monument aux Morts du Parc des Cordeliers, a eu lieu la commémoration du cessez-le-feu en Algérie. Mr Louis Raluy, président de la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie) a prononcé son discours, suivi de celui de Mme Geneviève Blanc, Maire d’Anduze.

Discours de Louis Raluy
Drapeau en berne pendant la minute de silence
L’assemblée chante La Marseillaise

“Voici 62 ans, c’était le cessez-le-feu, le 19 mars à midi (article 1 des Accords d’Evian).

89 mois de meurtriers combatsne ressemblant en rien à de simples opérations de police et de maintien de l’ordre. Cette guerre allait mobiliser près de 2 millions d’hommes dont la majorité du contingent (appelés, rappelés), militaires de carrière, contractuels. 30 000 sont morts pouyr la plupart à l’âge de 20 ans. N’oublions pas des milliers d’Algériens de tous âges.

Depuis 1963, chaque année, nous leur rendons hommage devant nos monuments.

“Les peuples cessent de vivre lorsqu’ils cessent de se souvenir” disait le Maréchal Foch.

Nous sommes la dernière génération qui a vécu la conscription; nous sommes des citoyens fidèles aux principes de la République: liberté, égalité, fraternité, auxquels il faut ajouter “respect”!

La guerre, c’est le malheur pour les deux parties: elle détruit l’humain et tout ce qui l’entoure.

Devons-nous continuer?

Aujourd’hui soyons tous des combattants pour la Paix: tous, jeunes et vieux!

La Paix, victoire de la fraternité sur la méchanceté. C’est la seule voie du Bonheur pour l’humanité.

Vive la Paix!

Vive la République!

Vive la France!”

“Messieurs les anciens combattants,

Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames et messieurs les représentants de la gendarmerie et des services de l’État,

Mesdames et messieurs les représentants des cultes,

Mesdames et messieurs les élus,

Mesdames et messieurs,

Nous sommes réunis dans ce parc des Cordeliers devant le Monument aux Morts pour commémorer le 19 mars 1962.

« La mémoire a besoin de parler. Quel Français, quel Algérien n’a pas eu un membre de sa famille impliqué de près, ou même de très loin, dans ce conflit ? »

Ce sont des mots extraits d’une pièce de théâtre qui sera jouée ce soir à 20h, salle Rohan.

Ce sont des mots qui expriment à quel point le 19 mars tient une place singulière dans notre histoire et parmi les journées commémoratives des conflits du XX ème siècle.

Pour les centaines de milliers d’appelés et d’engagés qui s’étaient succédés sur les rives sud de la Méditerranée, pour ceux qui s’y trouvaient encore, le 19 mars fut d’abord un soulagement, l’espoir que les balles cesseraient de siffler. C’était la fin d’une guerre qui ne disait pas son nom et dont la nature et le sens divisaient notre société en profondeur.

Après le retour, après la mort des copains, les blessures reçues ou la mort infligée, vint pour eux un nouveau combat, celui de la reconnaissance. Ce qui est aujourd’hui une évidence, ne l’était pas à l’époque.

C’est aussi cela, la singularité du 19 mars : cette journée ne s’est pas imposée, elle a été conquise par ceux qui voulaient que cette date vienne fixer la fin de la guerre et la reconnaissance de la Nation. Notre pays a mis 50 ans à la leur accorder.

Le 19 mars 1962, ce n’était pas encore la paix, c’était le début de la sortie de la guerre qui fut tragiquement suivie par des représailles, des vengeances, des attentats et des massacres.
Néanmoins, le 19 mars annonce la fin du conflit et c’est pourquoi ce sont les mémoires de toutes les victimes qui sont reconnues.
Il y a le 19 mars des Algériens, qui s’étaient battus pour l’indépendance de leur pays, laquelle sera proclamée le 3 juillet.
Il y a le 19 mars des appelés, qui venaient d’effectuer parfois plus de deux ans de service en Algérie et pour lesquels cette date signifiait la certitude du retour dans leur foyer, dans leur pays.
Il y a le 19 mars de l’Armée Française, qui voyait s’achever une guerre qui l’avait profondément déchirée.
Il y a le 19 mars des Français d’Algérie, qui se souviennent de cette date comme d’un jour signifiant la fin d’un monde, en tout cas de leur monde et le départ d’une terre qu’ils considéraient comme la leur.
Il y a le 19 mars des Harkis, pour lesquels le cessez-le-feu était lourd de menaces, pour eux et pour leurs familles et qui allaient faire l’expérience cuisante des représailles, de l’injustice et de l’oubli.
Il y a le 19 mars des Français de métropole, qui avaient vécu au rythme de ces troubles pendant huit longues années.

Le sens de la journée nationale du 19 mars, c’est de rendre hommage à toutes les victimes civiles ou militaires qui sont tombées durant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie, et c’est aussi de reconnaître toutes les souffrances.

Nous ne célébrons aujourd’hui ni victoire ni défaite militaire. L’issue de la guerre d’Algérie n’a pas été réglée par les armes.

Le chemin sur lequel la France s’est engagée est celui de la réconciliation des mémoires. En reconnaissant que des mémoires plurielles puissent exister et s’exprimer, nous portons haut la France et construisons notre avenir.

Plus généralement, aujourd’hui plus que jamais, pour notre destin commun, l’Histoire avec un grand H doit nous aider sur le chemin de la Paix dans le monde !

Vive la France ! Vive la République et vive la Paix !”

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