Aujourd’hui les travaux de peinture en sont au stade des finitions ; la dernière partie, située derrière l’orgue, est terminée. Les peintres avaient mis une grande bâche sur l’instrument, venue remplacer la protection sur échafaudage du début de chantier ; une souplesse qui a permis aux ouvriers d’accéder au mur plus facilement avec leur grande nacelle. Dernièrement le facteur d’orgues Michel Formentelli est passé inspecter l’état de l’appareil de musique ; même si un nettoyage est prévu, son état est satisfaisant.
La poussière ambiante étant retombée après la fin des travaux des murs et voûtes, l’entreprise d’électricité Agniel a pu installer à partir du mois de juin les blocs de secours et les nouveaux éclairages du monument ; de beaux modèles de projecteur que l’on retrouve pour certains, d’après l’architecte, au musée du Louvre. A part les spots extérieurs, la mise en lumière de la grande salle pourra être obtenue par le choix entre plusieurs scénarios, accessibles grâce à une tablette de commande spécifique :
un scénario « culte », un scénario « architecture » qui met en valeur les arcs doubleaux et la colonnade en ombre chinoise, un scénario « concert » avec éclairage central pour un ou plusieurs concertistes, un scénario « concert orgue », un scénario « exposition-vernissage », un scénario « tous projecteurs », un scénario « pénombre » pour manifestation disposant de ses propres jeux d’éclairage. La possibilité de rajouter d’autres scénarios plus tard est prévue.
Finitions aussi pour Daniel Lutz concernant la chaire et la lisse du garde-corps de la galerie supérieure.
Entretemps, au tout début juillet, les maçons de l’entreprise SELE sont revenus pour la réfection de quelques marches du péristyle ; il s’agissait de remettre d’aplomb certaines grandes pierres anciennes qui, avec le temps, s’étaient désolidarisées de l’ensemble.
C’est le douze juillet dernier que le garde-meuble responsable du stockage des bancs du temple ramena ceux-ci au monument pour une réinstallation. La veille une entreprise de nettoyage, mandatée par le maître d’ouvrage, était venue s’occuper du sol pour son nettoyage, la nacelle des peintres ayant définitivement quitté les lieux. Une nouvelle moquette viendra remplacer l’ancienne dans les allées de l’hémicycle.
Dans la perspective d’un développement de l’activité culturelle du temple, décidé en concertation entre la mairie et le conseil presbytéral, quelques bancs vont disparaître pour mieux appréhender l’espace consacré aux différentes expositions et autres manifestations.
Si le gros œuvre de ce chantier historique hors norme touche à sa fin et qu’il est prévu une inauguration le 31 août 2024, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore beaucoup à faire pour répondre de façon optimum aux exigences d’utilisation, à la fois cultuel et culturel, de ce lieu emblématique de la vie anduzienne…
Philippe Gaussent
22 juillet 2024
LA CHRONIQUE DES TRAVAUX DU TEMPLE • L’ENTREPRISE DE PEINTURE EN PREMIÈRE LIGNE !
Quelques mois se sont écoulés depuis la précédente chronique des travaux du temple… Dans celle-ci avait été évoquée une réunion élargie, en octobre, avec la présence des représentants des différentes entreprises, de l’architecte, de la DRAC et des élus ; des échanges tendus entre les représentants du maître d’ouvrage (Alès Agglomération) et la société spécialisée dans la préparation des murs et voûtes avant l’intervention des peintres – dépoussiérage, traitement des fissures, etc – révélèrent de graves dissensions. Une mésentente qui a abouti, après de nombreuses semaines, au départ définitif de l’entreprise.
Ces longs contretemps n’ont pas gêné Thomas vitraux qui présenta en février dernier ses travaux terminés.
Les fines grilles de protection des sept nouvelles baies en demi lune ont été installées, pratiquement invisibles de l’intérieur et n’ayant, de l’avis de tous, aucun impact ressenti sur la luminosité générale du temple ! Si, à l’extérieur, le laiton doré brille encore un peu, il va vite se ternir avec le temps. Une ouverture a été aménagée sur trois des sept verrières, pour avoir la possibilité de faire courant d’air.
Par contre l’ébéniste Daniel Lutz ne pourra effectuer ses finitions concernant la chaire mais aussi la lisse en bois du garde-corps de la galerie supérieure qu’après la fin des travaux de peinture. En attendant il travaille sur le coffrage des armoires électriques. L’attente concerne aussi les électriciens de la société Agniel pour notamment l’installation des nouveaux matériels d’éclairage prévus.
Après accords avec l’architecte, le maître d’ouvrage et la DRAC, c’est finalement la société Recolor, responsable à l’origine que de la partie peinture, qui se charge aussi de la préparation des supports. Ce gros travail a pris sa vitesse de croisière depuis le mois de mars dernier. Les peintres ont demandé la dépose rapide de toutes les anciennes installations électriques (chauffage, câbles, gaines, vieux projecteurs…) ; ils ont aussi souhaité le démontage de l’échafaudage de protection de l’orgue pour avoir accès au mur et à la voûte jouxtant l’instrument, précisant bien sûr qu’ils le protègeraient eux-même.
Les différentes couleurs utilisées pour la réfection intérieure du temple, dans l’esprit d’origine, ont été validées ; leur agencement en fonction des endroits de la grande salle aussi (murs et colonnes du rez-de-chaussée, les quatre escaliers menant à l’étage et la galerie, les voûtes du plafond). Quant à la « façon de faire », l’architecte Alexandre Autin la précise clairement : « Selon les techniques traditionnelles employées lors de la construction du temple : application d’une couche d’apprêt à base de chaux grasse en pâte destinée à masquer les reprises et gommer les altérités liées au vieillissement différencié des supports et aux diversités de taux d’humidité. Application d’une couche de badigeon à l’éponge ou à la brosse en finition ».
Des recommandations dont nous sommes impatients de voir le résultat d’ensemble !
A suivre…
Philippe Gaussent
29 avril 2024
La chronique des travaux du Temple • Réception globale du chantier du temple reportée…
Le vingt et un septembre dernier eut lieu la réception des travaux de la toiture du temple par l’architecte, accompagné de Fabien Jay, d’Euro Toiture. Les lieux parfaitement nettoyés et éclairés, la charpente fut inspectée ; il reste aux maçons un comblement au mortier entre les chevrons, au niveau des arases ; dans les combles et avec d’autres professionnels la rénovation complète de l’oculus avec sa petite verrière est en cours. Le dernier travail des charpentiers fut la reprise du solin abîmé existant (matériau d’isolation contre la pluie) à la jonction du mur de façade avec la couverture du péristyle, pour une étanchéité optimum.
Quelques jours plus tôt la grue avait été repliée et retirée du parvis.
Les parties extérieures des portes d’entrée du monument ont été poncées et teintées, les faces intérieures attendant la fin des travaux de rénovation des murs pour un simple nettoyage.
Les sept nouvelles verrières au style rayonnant sont en place, changeant déjà la physionomie des lieux ! De fines grilles de protection des baies seront installées, ce qui va certainement impacter la luminosité générale du temple.
Une réunion élargie s’est tenue le cinq octobre à la mairie et sur le chantier. Il y avait, à part les entreprises concernées et divers représentants de la maîtrise d’ouvrage, la maire d’Anduze et une responsable de la DRAC pour un point sur les travaux. Le remplacement de certaines pierres des marches de l’escalier du péristyle fut abordée avec les maçons. Des échantillons de couleurs des décors peints, se rapprochant au plus près de la réalisation d’origine, furent présentés pour validation.
Mais les discutions les plus ardues concernèrent le lot numéro trois et la nécessaire et importante étape avant la mise en chantier de la peinture : la préparation des supports (murs, voûtes et colonnes). Pour cette opération particulière de dépoussiérage, traitement des fissures, ragréages, etc, les peintres – en l’occurrence ici la société Recolor – collaborent avec une entreprise spécialisée dans ce domaine, Ippolita Roméo. À cet effet une grande nacelle a été déployée pour l’accès à trois cent soixante degrés de l’espace hors norme. Tout en ayant commencé leur ouvrage, les professionnels de Roméo ont établi les constats de différentes complications non prévues rencontrées dans leur travail.
Des problèmes exposés à la réunion et qui seront certainement résolus ; mais ceux-ci vont aussi entraîner obligatoirement un nouveau rallongement du délai quant à la réception finale du chantier du temple…
Pour l’anecdote cette réception de chantier avait été programmée initialement par l’OPC (Ordonnancement Pilotage et Coordination) du maître d’ouvrage au dix neuf octobre de cette année, sans savoir que cette date est celle, précise, du bicentenaire de la dédicace du temple !
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 23 octobre 2023
Les compagnons menuisiers sont entrés en scène…
Le six juillet au matin eut lieu une réunion de chantier élargie où l’entreprise d’électricité en compagnie de l’architecte expliqua sur plan les installations liées à la sécurité devant un pompier et les représentants du maître d’ouvrage Alès-Agglomération. Les différentes saignées de mise en discrétion des câbles électriques touchent à leur fin.
Au cours de cette matinée nous avons pu admirer une jolie nacelle chenillée prête à quitter définitivement le temple. Amenée par les maçons, c’est grâce aux charpentiers et leur grue que l’engin put être hissé au niveau du péristyle et passer une des portes, assez large, de l’édifice. Un outil bien pratique et plus souple qu’un échafaudage classique pour aller colmater lézardes et autres fissures des murs mais aussi de la voûte qui s’élève à quatorze mètres !
Finalement les réparations non prévues des fermes deux et trois d’origine ont été faîtes avec le changement de certaines parties des entraits ; Stéphane le charpentier nous montra sur le parvis du temple les bois très abimés concernés. Leur lent pourrissement à l’abri des regards, dû à des infiltrations d’eau récurrentes pendant de nombreuses années, avait fini par occasionner des trous spectaculaires où l’on pouvait passer facilement un bras…
Dernièrement, avant d’être bientôt reteintes, les trois grandes portes d’entrée à deux battants du monument ont été soigneusement poncées, révélant la qualité de cet ouvrage d’origine en noyer. C’est le travail de menuiserie et d’ébénisterie du compagnon Daniel Lutz et de son équipe, très présents sur le chantier. Ils n’étaient pas trop de trois ce 18 juillet au matin pour commencer la réinstallation des escaliers en noyer de la chaire qui avaient été préalablement démontés et rénovés dans leur atelier de Nîmes.
Remettre en place les éléments en bois restaurés dans leur environnement tout en courbes ne fut pas une mince affaire, même pour ces ouvriers d’excellence habitués aux travaux les plus délicats. Un petit établi portatif « à l’ancienne » accompagnait les professionnels ; une aide précieuse pour les adaptations et finitions, quelques fois compliquées.
Ces derniers temps les travaux concernant les saignées des murs ainsi que le commencement du démantèlement des baies engendrèrent beaucoup de poussières finissant par s’insinuer partout. Le samedi 15 juillet au matin l’organiste attitré du temple Gauthier Willm déplora la présence poussiéreuse visible sur le clavier et le banc de l’orgue ; mais après avoir joué quelques instants, il constata avec un certain étonnement et de la satisfaction le bon fonctionnement de l’instrument…
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 31 juillet 2023
Les différents bruits de la rénovation du temple…
Le quatre mai dernier nous sommes entrés dans le vif du sujet concernant les travaux de la grande salle du temple avec le démontage des beaux petits escaliers en bois situés de chaque côté de la chaire ; ceux-ci sont partis à Nîmes dans l’atelier du maître artisan Daniel Lutz, menuisier et ébéniste, pour restauration.
Les électriciens, après accord avec l’architecte, ont commencé le travail pénible des saignées dans les murs, destinées à rendre discrets les différents et nouveaux câblages.
Malgré un contretemps important dans la rénovation des fermes deux et trois plus touchées que prévu, les charpentiers n’en continuent pas moins leur ouvrage ; comme par exemple le renforcement de la charpente avec l’installation de « liens de faîtage ». Un travail de précision dévolu au jeune professionnel Naël, dirigé par Stéphane, le chef de chantier. Deux passionnés qui échangent beaucoup sur leur métier et l’évolution des techniques ; en l’occurrence ici avec le cas du temple d’Anduze qui illustre parfaitement un épisode de l’histoire de « la poutre armée », sujet qui intéressa déjà au quinzième siècle un certain… Léonard de Vinci !
Côté confort il faut avouer que la construction d’une passerelle centrale en bois au-dessus des voûtes et reliant les fermes entre elles est vraiment appréciée de tous ! L’allée de planches dessert aussi maintenant le vasistas donnant accès au toit : les charpentiers ont profité des travaux pour déplacer cette lucarne au plus près du clocher ; une réalisation judicieuse qu’apprécieront certainement les techniciens de maintenance de la cloche !
La réunion de chantier du premier juin vit la présentation par l’entreprise Thomas Vitraux d’un échantillon de ce que seront les châssis en fer et leurs vitres des nouvelles verrières en demi-lune du temple. Celles-ci seront refaites dans le style rayonnant de l’époque (voir carte postale ancienne), beaucoup plus jolies que celles qui existent aujourd’hui depuis les années mille neuf cent cinquante.
Ce jour-là aussi une équipe d’agents municipaux s’employa à démonter définitivement les anciennes tribunes en bois de la galerie, faisant voler beaucoup de poussière séculaire ! En mauvais état et non conformes depuis longtemps, ces éléments lourds et encombrants gênaient l’accès à la verrière du dessus à changer ainsi que la restauration du mur profondément lézardé.
Ravie par cette action, c’est à partir du lundi cinq juin que l’entreprise Thomas Vitraux commença à démanteler les sept grandes baies.
Pour terminer un petit clin d’œil avec la photo de la gigantesque et magnifique armoire restée sur place ; celle-ci avait notamment pour fonction de stocker le matériel sono. Elle a été posée astucieusement sur des plateaux à roulettes, ce qui lui permet d’être déplacée facilement aux quatre coins de la salle au gré des travaux…
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 19 juin 2023
Élargissement du chantier du temple à partir de mai
C’est finalement sans problème qu’au mois de mars fut remplacée la ferme en bois numéro six dont l’entrait reposait sur la voûte de la grande salle. Les charpentiers s’étaient déjà aperçus qu’en retirant la couverture des tuiles de cette zone du toit, donc un certain poids, l’entrait s’était soulevé de quelques centimètre de la voûte, laissant espérer aucun dégât de celle-ci lors de l’enlèvement définitif de la grande poutre par la grue. C’est ce qui se passa et le remplacement entier de la ferme ne fut plus qu’une formalité ! Ils ont pu ainsi relier les fermes entre elles par les pannes et autres chevrons constituant la charpente jusqu’à la base du clocher, côté sud du temple.
Une toile synthétique spéciale de sous-toiture, étanche mais laissant passer l’air – la même qui est utilisée actuellement pour protéger l’orgue – a été posée et fixée pour l’isolation thermique mais aussi pour la protection des bois contre l’humidité. Cette matière souple servit aussi aux charpentiers pour l’emmaillotage des extrémités des entraits et autres poutres avant leur scellement dans les cavités ou « empochements » existants dans les murs et préparés par l’équipe des maçons ; ceux-ci rajoutèrent d’ailleurs pour optimiser cette isolation des petites plaques d’ardoise. Il faut savoir qu’en dehors des insectes, le point faible dans le temps des bois de charpente sont les remontées humides dans les murs qui les soutiennent…
Le 3 avril dernier, par une belle après-midi ensoleillée, c’est cette fois le côté nord du temple qui attira tous les regards avec le dernier des entraits qui fut soulevé du Plan de Brie par la grue pour être déposé le long de l’ancienne ferme métallique numéro un, toute proche de la façade et dernière a être remplacée. Une opération toujours spectaculaire, d’autant plus que cette fois nous avons pu assister à son installation complète. Nous savons maintenant que ce que nous appelons « entrait » est la plus longue poutre de la base d’une ferme, celle-ci allant d’un mur à l’autre dans la largeur du bâtiment ; sans entrer dans les détails techniques de conception, à l’origine de la construction du temple avec ses dimensions exceptionnelles il fallut renforcer tous les entraits en les « doublant » en hauteur par d’autres poutres de même section (voir photos) pour qu’ils puissent résister aux contraintes importantes dues à leur portée inédite. Ils ont été refaits à l’identique aujourd’hui pour les fermes neuves ; l’ensemble de celles-ci avec les anciennes sera surveillé par des mesures relevées mensuellement pour détecter leurs mouvements jusqu’à la stabilisation finale de toute la charpente.
La restauration des fermes d’origine en bois numéros deux et trois est en cours ; quelques mauvaises surprises attendaient les charpentiers quant à leur état dès lors qu’ils purent avoir un accès complet aux structures. Des solutions vont être proposées par les professionnels et soumises à l’architecte et au maître d’ouvrage. En attendant les trois anciennes fermes métalliques, devenues obsolètes, sont en cours de démontage. L’entreprise de maçonnerie SELE a mandaté une équipe de spécialistes pour refaire à l’identique de l’existant deux plaques carrés du sol granité de la grande salle. Ces plaques avaient été détruites pour l’opération des carottages, effectuée pour l’analyse des fondations.
La rénovation du temple d’Anduze a été confiée à six entreprises dont nous en connaissons déjà deux : Couverture-Charpente avec Eurotoiture et Pierre de taille-Maçonnerie avec SELE. Les quatre autres se sont présentées pour entrer progressivement dans le planning du chantier de façon effective à partir du mois de mai : Vitraux-Serrurerie avec Thomas Vitraux, Menuiserie-Ebénisterie avec Lutz, Décors peints-Recolor avec Romero, Électricité-Éclairage avec Agniel.
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 24 avril 2023
Arrivée et installation des nouveaux bois de charpente
Le 6 mars 2023 est à marquer d’une pierre blanche puisque rentré dans l’histoire locale avec l’arrivée spectaculaire des bois des nouvelles fermes de la charpente. Le temps était idéal pour cette livraison particulière très bien organisée. Le matin de bonne heure ce fut d’abord une camionnette chargée des petits poinçons et autres contrefiches qui entra dans l’espace clos du Plan de Brie ; les charpentiers la déchargèrent rapidement pour que celle-ci libère les lieux avant l’arrivée du poids lourd et son encombrant chargement avec notamment les fameux entraits aux dimensions hors norme !
Aux environs de 10 heures le long véhicule déboucha du virage de la tour de l’Horloge pour venir stopper devant le temple, partie de la route verrouillée aux deux extrémités par la police municipale. C’est dans un ordre bien précis que les plus grandes pièces de bois avaient été chargées sur la remorque en Savoie ; aussi ce fut en dernier que les entraits furent arrimés au câble de la grue pour être déposés, l’un après
l’autre, à l’intérieur du chantier, à côté de la palissade. Si ces grandes poutres sont toutes de la même essence et d’une taille identique, il s’avère qu’elles n’ont pas forcément le même poids, quelques fois de façon significative ; l’explication naturelle viendrait des arbres dont elles sont issues et qui avaient chacun une teneur en eau différente… Mais ici c’est surtout leur envergure exceptionnelle qui aurait pu poser problème, l’accès au sol du parvis du temple étant rendu très délicat par la barrière des platanes. Sa télécommande en main, Stéphane Metge manœuvra tout en douceur la grue pour louvoyer entre les arbres : un vrai spectacle pour le public, présent jusque sur la terrasse de la tour pour une magnifique vue panoramique ! Un sourire, certainement de soulagement, éclaira le visage de l’opérateur quand le dernier déplacement s’acheva avec succès !
Ce sont deux des trois fermes métalliques, les numéros quatre et cinq, que les charpentiers décidèrent de remplacer en premier. Tout en laissant les anciennes en place pour le moment, ils montèrent contre celles-ci les nouvelles en bois, montrant déjà toute la beauté de cette charpente neuve en devenir. La rapidité d’exécution sur place vient du fait que chaque structure avait été préalablement montée en atelier pour vérifier tous les éléments la constituant. C’est lors des démontage et remplacement de la ferme en bois numéro six, la plus délicate, que se mobilisera entièrement tout le savoir-faire des professionnels.
Parallèlement avec la continuation des travaux du toit, le mois d’avril devrait voir s’enclencher la deuxième phase de la rénovation du temple, dans la grande salle, avec pour commencer des reprises de maçonnerie mais aussi la dépose de toutes les grandes verrières…
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 28 mars 2023
L’élégante grue des charpentiers installée !
Le chantier du temple fut fermé officiellement du 15 décembre 2022 au 16 janvier 2023 du fait de la période des fêtes mais aussi des retards enregistrés au niveau du traitement des arbres enfin localisés et acceptés pour leur qualité (voir la chronique du 7 décembre 2022). Des aléas de planning souvent inhérents aux projets d’exception !
Il n’en demeure pas moins que certains travaux furent quand même menés à terme comme le nettoyage complet des combles et son éclairage, permettant aux professionnels et autres visiteurs d’appréhender la charpente dans son ensemble de façon plus confortable.
En décembre une réunion de travail fut organisée entre la mairie et le représentant du maître d’ouvrage Alès-Agglomération, accompagné de l’architecte ; il s’agissait de discuter de la nécessaire rénovation des installations d’évacuation des eaux pluviales du temple, non prévue au départ et prise en charge par la municipalité.
Janvier et février virent plusieurs réunions de chantier qui permirent notamment la mise au point avec l’entreprise de maçonnerie de la réfection des arases extérieures au niveau de la toiture ; la reprise des empochements et sommiers pour le futur calage des poutres maîtresses de la charpente dans les murs fut aussi abordée.
Cinquante pour cent de la couverture du toit a été enlevée, allégeant ainsi la pression sur notre fameuse ferme numéro 6 : celle-ci s’est relevée de quelques centimètres de la voûte du temple ! C’est une bonne nouvelle dans le cadre de son futur démontage et remplacement…
Le huit février dernier c’est par une température glaciale à huit heures trente du matin que la grue attendue par les charpentiers est arrivée au Plan de Brie. La livraison et l’installation sur site furent organisées par l’entreprise familiale Vadori Grue, propriétaire de ce matériel spécifique ; une équipe particulièrement fière de présenter son modèle italien réputé, la Cattaneo CM 415 à télécommande. Neuve, nous apprenons de surcroît qu’Anduze est sa première mission !
Au préalable l’espace devant le péristyle du temple avait été préparé de telle sorte que les quatre pieds de l’engin de vingt quatre tonnes reposent sur d’épaisses et grandes plaques destinées à répartir le poids ; elles-mêmes sont isolées du sol par une couverture de sable ayant pour fonction de niveler les pavés de la chaussée afin d’éviter qu’ils ne se cassent. Les onze contrepoids en béton de 2400 kg chacun, garantie de la stabilité, furent installés et fixés sur le socle métallique de la machine. Un long et gros câble venant de la queue de la flèche fut arrimé à la base des contrepoids.
Une fois ces opérations terminés, le technicien lança le processus de développement général de la grue et nous vîmes grandir, tout doucement, la tour centrale ; puis ce fut le déploiement de la flèche, montrant petit à petit toute l’élégance de la structure métallique. Une force tranquille capable de soulever en une fois jusqu’à 1200 kg.
Un peu avant midi l’affaire était close et il ne restait plus aux techniciens que de remettre les commandes à Stéphane le charpentier, habitué à piloter ce genre d’outil exceptionnel…
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 15 février 2023
Une des trois fermes métalliques qui seront changées pour être en bois.
Discussion entre les charpentiers et les maçons avec l’architecte.
Arrivée au Plan de Brie de la grue repliée sur sa remorque.
Arrivée des contrepoids de la grue.
Installation des contrepoids un par un grâce à un solide palan !
Fixation des contrepoids à la grue.
Le gros câble qui file vers le haut jusqu’à la flèche est fixé au pieds des contrepoids.
Lent déploiement du corps de la grue et de sa flèche.
Surveillance du bon déroulement du déploiement.
Les deux techniciens responsables de l’installation de la grue.
La bonne nouvelle de novembre des charpentiers !…
Les dimensions exceptionnelles du temple d’Anduze contribuèrent à la construction d’une charpente en bois particulièrement innovante pour ce premier quart du dix-neuvième siècle.
Celle-ci est composée de six fermes(1) dont les poutres maîtresses horizontales ou « entraits » ont ici une portée hors-norme de vingt mètres !
En 1897 trois de ces fermes furent remplacées pour devenir métalliques ; les causes de ce changement sont inconnues et il s’avère, d’après les constatations actuelles de l’architecte sur les autres restantes en bois, que la charpente n’aurait pas été complètement assemblée à l’origine selon les plans et recommandations de l’époque…
Monument historique oblige et suivant l’avis défavorable de l’architecte Alexandre Autin de conserver une charpente hybride bois/métal, il a donc été décidé d’en réinstaller une totalement en bois.
Quatre des fermes vont être refaites entièrement : bien sûr les trois métalliques, mais aussi la fameuse numéro six en bois qui repose sur la voûte. Les deux dernières seront restaurées.
Si le mois de novembre a vu le commencement de la découverture de la toiture par les charpentiers et la réfection intérieure des arases(2) par l’entreprise de maçonnerie, la meilleure nouvelle fut sans aucun doute la confirmation d’avoir enfin trouvé les cinq grands sapins (quatre plus un en réserve) nécessaires au façonnage des entraits pour les nouvelles fermes !
Des arbres sans défaut qui furent difficiles à trouver, ceux-ci devant répondre à des critères sélectifs rigoureux : un tronc régulier d’une hauteur de plus ou moins quarante cinq mètres avec un diamètre au pied de un mètre dix, leur âge pouvant atteindre entre 150 et 200 ans ; tout cela pour récupérer au final un tronçon d’un peu plus de vingt-et-un mètres pour un diamètre de cinquante centimètres sur toute la longueur.
Les cinq spécimens ont été repérés sur un même lieu, dans une forêt du village suisse de Vallorbe dans le canton de Vaud. L’architecte ne put résister à aller les voir sur place, encore sur pied et dans leur environnement.
De la scierie ils sont partis en Savoie aux ateliers d’Euro Toiture, l’établissement qui gère la construction de la nouvelle charpente ; cette société, spécialisée dans la restauration du patrimoine, a eu la bonne idée d’installer trois jolis panneaux décrivant ses compétences sur la palissade du chantier.
Le mois de janvier 2023 sera riche en évènements puisqu’il verra d’abord l’installation devant le temple d’une importante grue disposant d’une flèche de quarante mètres avec une portée de plus d’une tonne ; son montage durera deux ou trois jours. Ensuite ce sera l’arrivée en convoi exceptionnel des longues poutres servant d’entraits pour les nouvelles fermes…
Philippe Gaussent
Le 7 décembre 2022
(1) Ferme : assemblage précis de pièces de bois destiné à soutenir la couverture du toit)
(2) Arase : élément supérieur d’un ouvrage de maçonnerie qui compense une différence de niveau et qui sert de base à la suite de la construction
Octobre 2022 : le chantier du grand temple se met en place…
Pour les citoyens anduziens et autres visiteurs d’Anduze c’est le début du mois d’octobre 2022 qui aura vu le démarrage effectif des travaux du grand temple : l’installation d’une haute palissade en bois, à claire-voie, sur le Plan de Brie et habillée de grands panneaux explicatifs avec de très belles photos. Elle délimite l’espace de travail nécessaire aux professionnels devant le monument mais aussi la sécurité de cette zone très passante. La pose d’un échafaudage entièrement métallique en façade et sur les côtés hauts de l’édifice permet un accès extérieur à toute la toiture.
Entre-temps, à l’intérieur du temple et après avoir déjà retiré les bancs du rez-de-chaussée depuis plusieurs semaines, il fallut protéger un précieux mobilier difficilement transportable, comme la chaire et la table de communion. Une grande attention fut apportée à l’orgue, appareil fragile nécessitant un « coffrage » particulier : une toile spécifique laissant passer l’air mais aucune particule de poussière fut tendue sur un échafaudage classique en fer entourant l’instrument au plus près. Pour rassurer l’organiste une ouverture est quand même prévue pour que celui-ci puisse de temps en temps accéder aux claviers dans cet espace confiné… mais que le weekend !
À l’origine les deux ailes des anciennes casernes (côté mairie et côté office de tourisme) étaient reliées par un bâtiment avec une grande porte centrale qui donnait sur une cour d’honneur située derrière. Il fut détruit lors de la construction du temple et ses pierres et gravats servirent à rehausser le sol de la hauteur des quatre marches que nous trouvons au péristyle du monument. Une étude du sous-sol fut décidée pour une vérification de sa stabilité et un petit véhicule à chenillettes procéda à un carottage à deux endroits opposés de la grande salle ; les échantillons sont en cours d’analyse.
Le plus pénible de cette préparation aux travaux fut sans aucun doute l’évacuation des nombreux pigeons des combles, vivants et morts, mais surtout le nettoyage des lieux ! Pour parer à tout retour des volatiles, les oculi (ouvertures rondes dans les parois) furent grillagés.
Philippe Gaussent
Le 9 novembre 2022
Photos : P. Gaussent