Discours de Mme la maire, Geneviève Blanc.
Vendredi 16 octobre, en fin d’après-midi, un enseignant d’histoire-géographie a été décapité à proximité d’un collège de Conflans-Saint-Honorine dans les Yvelines.
Samuel Paty a été assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet à sa classe lors d’un cours d’éducation civique sur la liberté d’expression.
Nous condamnons cet acte d’une violence inouïe qui se revendique du terrorisme islamiste. Nous nous associons à la douleur des proches de la victime, de ses élèves et de la communauté éducative encore sous le choc.
À Conflans-Saint-Honorine, un professeur est mort dans l’exercice de ses fonctions. Cette fois, à travers lui, c’est l’école républicaine, laïque et émancipatrice qui a été visée.
Personne ne doit céder le pas à une instrumentalisation politique qui voudrait stigmatiser nos compatriotes musulmans. Et rien n’autorise à enfreindre nos libertés fondamentales.
Le rôle de l’école de la République est aussi de former des esprits citoyens, critiques et libres, capables de se dresser contre toutes les formes d’obscurantisme et d’oppression.
Partout dans nos villes et nos villages, dans nos campagnes et nos quartiers, l’éducation et la construction de l’esprit critique sont la condition de la démocratie et de la lutte contre le terrorisme.
Nous sommes rassemblés pour rendre hommage à Samuel Paty et nous affirmons notre soutien aux enseignant.e.s de nos écoles, de la maternelle au lycée en passant par l’école élémentaire et le collège.
L’école est le premier maillon dans la transmission des valeurs Républicaines.
Discours de Mme Sylvie Legembre
Adjointe à la culture • Enseignante en exercice.
Je veux aujourd’hui redéfinir le métier de professeur.
Être professeur dans une démocratie est une véritable chance. Enseigner et transmettre à des jeunes, tous les jours, est un privilège et surtout une mission quotidienne.
Un professeur instruit, apprend, mais surtout il donne à ses élèves des outils pour choisir, réfléchir, et être libre de ses pensées et de ses actes.
Le professeur donne à ses élèves les moyens de vivre ensemble, avec la conscience des autres, la conscience citoyenne.
Le métier de professeur consiste à amener les jeunes à se sentir reconnus, à se construire et à construire leur projet de vie dans la confiance.
Nous sommes tous professeurs aujourd’hui, nous sommes tous passeurs de notre histoire et de nos valeurs.
Prenons soin de tous ceux qui construisent tous les jours ce vivre ensemble démocratique et libre.
Je terminerai par une citation d’Albert Camus : « Vivre en homme libre, c’est refuser d’exercer ou de subir la terreur ».
Discours de M. Henri Lacroix
Adjoint à l’éducation, jeunesse et sports • Enseignant à la retraite.
Fallait-il enseigner la liberté d’expression ? Faut-il le faire ? Faudra-t-il encore le faire ?
À l’évidence OUI et si les enseignants ne le faisaient pas ou plus, qui le ferait ?
Fallait-il s’engager dans un enseignement vivant réellement incarné ?
Nous le pensons.
Ne pourrait-on se contenter d’évoquer des grands principes sans les illustrer concrètement, de caricatures par exemple.
À L’ÉVIDENCE NON et c’est là l’ESSENTIEL. PARCE QUE SEUL L’APPRENTISSAGE RÉUSSI EST RÉELLEMENT ÉDUCATIF.
Les enseignants qui s’entêtent quotidiennement à transmettre la liberté d’expression, la liberté de conscience, la formation d’un esprit critique, le respect de l’autre dans ses différences, l’acceptation du débat contradictoire, les savoirs qui bousculent bien des préjugés, ces enseignants se sentent souvent très seuls sur le fil de notre rasoir.
Ils ont aujourd’hui, plus encore qu’hier, besoin d’être confortés, soutenus et relayés dans la mission qu’on leur à confié. Aujourd’hui cela veut dire, pour le meurtre de Samuel Paty, mener une investigation juridiquement irréprochable mais demain … Demain il nous faudra aussi interroger les conditions dans lesquelles s’effectue cette mission.
Notre collègue avait semble t-il coché toutes les cases de la rigueur, de la dignité et l’efficacité d’un enseignement sans concession des valeurs de la République. C’est probablement ce qui l’a rendu tellement insupportable, preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que c’est bien de ce côté là qu’il faut chercher la solution de long terme.