Intervention de Madame la maire à partir du message de Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès des armées, chargée des anciens combattants et de la mémoire.
En cette journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, nous honorons toutes les victimes.
Les morts tombés dans les combats et dans les attentats avant la conclusion du cessez-le-feu, et ceux qui connurent le même sort tragique après cette date. Nous reconnaissons le soulagement de ceux pour qui l’annonce de la fin des combats suscita l’espoir d’un prochain retour sains et saufs dans leur foyer. Comme nous reconnaissons le désarroi de ceux qui avaient à redouter de ne plus avoir de foyer sur cette terre. Alors que les accords d’Evian annonçaient la fin de la guerre d’Algérie, ils annonçaient pour eux le début de la fin du monde qui était le leur. Ce fut une déchirure, qui pour aussi inévitable qu’elle fut, n’en a pas été moins vive.
“J’ai aimé avec passion cette terre où je suis né, j’y ai puisé tout ce que je suis, et je n’ai jamais séparé dans mon amitié aucun des hommes qui y vivent, de quelque race qu’ils soient. Bien que j’aie connu et partagé les misères qui ne lui manquent pas, elle est restée pour moi la terre du bonheur, de l’énergie et de la création.” Albert Camus, “Appel pour une trêve civile en Algérie” le 22 janvier 1956.
Nul ne conteste que le cessez-le-feu du 19 mars ne fut pas partout respecté. Chez les militaires, comme chez les civils, des morts s’ajoutèrent aux morts ; des blessés aux blessés ; des disparus aux disparus. La période qui s’est ouverte après le 19 mars 1962 a été celle de bien des souffrances. Pour les appelés qui sont restés en Algérie, pour les Harkis comme pour les victimes civiles des attentats et des massacres.
Quand vint enfin, en particulier pour le contingent, le moment du retour, il n’y eut pour les accueillir ni défilé, ni cérémonie collective.
Ils avaient 20 ans, et à la joie de retrouver leur famille, leurs amis, … se conjugua la difficulté de raconter ce qu’ils avaient vécu, et d’être entendus. Souvent ils se sont heurtés au refus de leurs proches d’entendre les vérités trop cruelles d’une guerre dont certains essayaient de témoigner.
Alors même qu’ils se battaient en Algérie, les appelés voyaient une France des trente Glorieuses découvrir la société des loisirs, incapable de comprendre ses enfants. S’y ajoutaient des sentiments mêlés, engendrés par la participation à un conflit dont une partie des français contestaient la légitimité.
Soixante-et-un ans plus tard, ces souvenirs restent vivaces et douloureux pour beaucoup ; il nous faut le reconnaître.
Pour cette/votre génération, il a fallu après la guerre mener de nouvelles batailles pour obtenir la reconnaissance de la nation. Cela passait par les mots : appeler Guerre ce qui était nommé Opérations. Cela passait par les droits : se voir reconnaître la qualité de combattants, et cela passait par les cérémonies :c’est la date qui nous rassemble et marque les premiers pas vers la fin de la guerre.
Aujourd’hui, en France, plus de sept millions de personnes sont toujours concernées par la mémoire de la guerre d’Algérie, comme le soulignait le rapport qui a précédé l’ouverture des archives de la guerre et plus récemment l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, figure féminine d’opposition à cette guerre.
Après les commémorations du 60ème anniversaire, après les gestes et les déclarations, une nouvelle page doit s’ouvrir. Il nous faut continuer à regarder et accepter ce pan de notre histoire collective dans son extrême complexité, pour avancer sur le chemin de la réconciliation mémorielle.
Pour assumer et dépasser cette page douloureuse de notre histoire, Il nous faut admettre que des mémoires diverses s’expriment et que la seule voie est de les additionner et non de les opposer.
Ce travail de mémoire, jamais clos, est une longue route, un processus de résilience qui permet de construire l’avenir. C’est le seul chemin pour la cohésion nationale, pour le « vivre ensemble » qui est un enjeu majeur pour tous dans la France d’aujourd’hui.
Vive la République !
Message officiel de la FNACA lu par M. Raluy, président de la section locale
De nos jours, parler d’Anciens Combattants, ne suffit-il pas pour esquisser, sans doute hâtivement, le portrait d’un personnage du passé, celui de « Combattant » symbolisant quant à lui, un guerrier. Ceux qui eurent à combattre en ALGERIE, MAROC et TUNISIE se retrouvèrent, bien malgré eux, Anciens Combattants dès l’âge de 23 ans, refusent, aujourd’hui d’apparaître comme des survivants d’un passé révolu.
Enfants du second conflit mondial, ils en ont subi toutes les privations. A l’âge de 20 ans, après une adolescence difficile dans un pays se relevant de ses ruines, nous allons être plongés dans une GUERRE qui devait nous prendre le temps précieux de nos amours et de notre apprentissage de la vie. 28 ou 30 mois sous un même uniforme suffiront pour nous vieillir de plusieurs années, condamnés à affronter notre vie d’adultes en Anciens Combattants. Jeunesse brisée, avenir incertain, dans un monde indifférent, ayant pour inévitable conséquence, une réinsertion difficile à la vie civile. Des familles plongées à jamais dans la douleur.
ALGERIE- 89 mois de meurtriers combats ne ressemblant en rien à de simples opérations de police et de maintien de l’ordre : une Guerre qui allait mobiliser près de 3 millions d’hommes dont la majorité du contingent (appelés , rappelés ) militaires de carrière, contractuels, 30 000 d’entre nous morts pour la France pour la plupart à l’âge de 20 ans, ainsi que plusieurs centaines de milliers d’Algériens de tous âges. Une guerre creusant entre deux pays des plaies qui ne sont hélas, pas encore toutes refermées aujourd’hui. Depuis 1963, chaque année, à la date anniversaire du Cessez-le-feu du 19 Mars 1962 nous leur rendons un hommage solennel, et nous nous inclinons avec déférence et émotion devant leur famille.
Refusant d’être des hommes du passé, les anciens combattants en Afrique du Nord se tournent vers la jeunesse. Nous lui disons : Vous possédez cette richesse : vivre dans un pays libre, en paix dans une démocratie fondée sur les valeurs de la République. Devenez acteurs de votre histoire et les bâtisseurs d’une paix à construire chaque jour en ne laissant jamais les esprits s’habituer à la guerre. Jeunes gens, jeunes filles, dès l’école communale, vous avez appris le sens des mots : Liberté, Egalité, Fraternité et savez qu’une culture de paix doit se développer dans l’esprit des hommes afin que la raison triomphe. Les générations actuelles ont besoin de repères, elles trouvent au travers de ces dates commémoratives les signes du Souvenir sans lesquels tout Peuple ne peut bâtir son avenir.
Ils ont écrit :
“Les peuples cessent de vivre lorsqu’ils cessent de se souvenir.” Maréchal FOCH
“Si tu veux dominer un Peuple ! Ôte lui sa mémoire.” André MALRAUX
“Les souvenirs sont nos forces. Ne laissons jamais s’effacer les anniversaires mémorables. Quand la nuit essaie de revenir, il faut rallumer les grandes dates comme des flambeaux.” Victor HUGO
VIVE la FRANCE