À part le travail pénible du décaissement des caves, aujourd’hui terminé et donnant une autre vision des lieux, c’est le remontage de la partie effondrée de la voûte qui fut sans aucun doute l’ouvrage le plus important de cette campagne de réhabilitation des sous-sols.
Un plafond à reconstruire avec un alignement des murs entre eux qui n’est pas la qualité première de l’ancien château ! Il a fallu à l’architecte et aux maçons trouver un bon compromis entre la fiabilité de la réalisation et la cohérence architecturale de l’ensemble. D’autant plus qu’une fenêtre de la cave, dans le prolongement de la voûte à refaire et donnant sur la façade Est devait être elle aussi restaurée (voir photos 5 et 6).
Le montage du coffrage en bois de la future voûte en berceau, soutenu par une petite forêt d’étais métalliques, s’effectua entre les mois de septembre et octobre ; les pierres, récupérées et triées facilement sur le site, ont été quelques fois retaillées selon leur positionnement.
Une fois la voûte et la fenêtre remontées, les ouvriers déblayèrent et égalisèrent le sol de la salle du dessus, mettant au jour les restes d’un dallage mais aussi l’arase d’un mur avec une porte ; les traces d’une fine cloison apparaissent aussi (voir photo 7). L’architecte a fait part de cette découverte au service archéologie qui devrait donner son avis avant la mise en place d’une membrane d’étanchéité pour protéger le sous-sol. D’autres tessons de poterie et pierres taillées furent aussi trouvés, dont une qui a dû appartenir à une balustrade…
Le sol des caves a été nivelé et préparé à recevoir terre et sable stabilisé mais l’opération ne sera réalisée qu’après la mise en place des gaines électriques. L’escalier a été complètement restauré, retrouvant toutes ses marches ; l’ouvrage étant assez raide, une main courante sera posée par le ferronnier en une lisse composée de quatre brins torsadés en fer passant dans des anneaux fixés au mur.
Pour stabiliser l’environnement direct de l’entrée des caves et son escalier les maçons ont monté un joli muret en pierres sèches ; celui-ci devrait retenir de façon efficace la terre et les gravats de la zone non encore fouillée de la cour castrale.
Côté Nord et donnant au ras du sol sur l’espace « spectacle » du château, un petit fenestron de l’une des caves sera en partie bouché pour éviter un écoulement d’eau de pluie à l’intérieur.
C’est finalement le cinq décembre dernier au matin qu’une équipe de deux archéologues de chez Hadès est venue expertiser les nouveaux vestiges découverts par les maçons, bénéficiant d’un beau temps sec. Ne prenant eux-même aucune décision, leur rapport sera envoyé directement au service archéologie de la DRAC qui devra statuer sur la suite à donner. Une réponse souhaitée rapide par l’architecte car, les travaux étant stoppés, il va devenir impératif d’établir l’étanchéité du sol et par là même la protection des caves rénovées…
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 11 décembre 2023
Rénovation des caves…
Au mois de juillet dernier différents travaux ont commencé au château de Tornac, rendant son accès inaccessible au public. Il s’agit de la restauration et mise en sécurité des espaces du sous-sol des bâtiments seizième et dix septième siècles, situés dans la partie Est du site (voir le plan schématique de situation).
Le SIVU (Syndicat Intercommunal à Vocation Unique – Anduze et Tornac) est maître d’ouvrage et accompagné financièrement par la DRAC, la Région et le Département ainsi qu’Alès-Agglomération ; le projet, dirigé par l’architecte du patrimoine Frédéric Fiore, de Montpellier, se divise en trois lots : maçonnerie – le secteur le plus important puisqu’il englobe le terrassement et l’étanchéité –, serrurerie/ferronnerie et électricité/éclairage.
Ce sont donc les maçons qui se mirent à l’œuvre en commençant par le rejointoiement des murs et voûtes avec un mortier fabriqué sur place. Après plusieurs essais celui-ci fini par répondre aux exigences de texture et de teinte désirées par l’architecte.
Le mur Sud au-dessus de la citerne, en partie effondré, a été remonté grâce aux pierres récupérées, protégeant ainsi définitivement ce côté du bassin. La trémie de cet ancien réservoir, s’ouvrant près de l’entrée de la cour castrale du château, est en restauration pour être sécurisée.
Mais le travail le plus pénible pour les ouvriers a été sans aucun doute le déblaiement des énormes remblais accumulés dans ces espaces confinés ; réussissant à introduire dans les lieux une mini-pelle ils évacuèrent terre et pierres mélangées pour atteindre le niveau originel des sols, donnant déjà une autre vision des caves !
Au cours de cette opération ils travaillèrent sous la surveillance bienveillante du service régional de l’archéologie en la personne de Stéphanie Aubert ; pendant une quinzaine de jours la jeune archéologue a profité de l’activité des maçons pour procéder à une série de sondages. Ces investigations font suite à celles effectuées il y a quelques années par une autre archéologue, Sophie Aspord ; celle-ci avait notamment entrepris le dégagement complet de la citerne et une partie de la cave attenante.
En attendant le rapport définitif de Stéphanie, on peut déjà dire que l’une de ses trouvailles vient conforter une hypothèse architecturale quant à l’accès des différents niveaux de cette partie du château au temps de sa splendeur. Il s’agit d’un fragment de marche en pierre taillée dont la forme ne laisse aucun doute sur son emploi dans un escalier en vis. C’est un nouvel élément qui vient s’ajouter au petit pas de porte découvert dans la cour castrale par Sophie, au niveau du sol d’origine pavé et devant l’escalier menant aux caves.
Il n’est pas rare de voir dans la cour des belles demeures anciennes une petite tourelle extérieure accolée au corps de logis principal. Abritant un escalier en colimaçon, elle a pour fonction de desservir la cave et les étages. Une éventualité séduisante ici et qui sera peut-être un jour confirmée par les experts !…
À suivre…
Philippe Gaussent
Le 11 septembre 2023